D. Schnapper On peut distinguer parmi la population active occupée : - les emplois permanents et stables qui donnent un véritable statut social, dont le statut juridique du fonctionnaire donne le modèle le plus achevé; - l'ensemble des emplois précaires, intermédiaires entre l'emploi, le chômage et la formation, qui ne comportent pas de véritable statut juridique et social. On peut distinguer parmi ceux qui n'ont pas d'emploi : - ceux qui disposent d'un statut fondé sur un rapport à l'emploi. Les retraités, les préretraités, chômeurs ou invalides du travail ont des droits nés de la référence à un travail passé; les chômeurs en quête d'un premier emploi, de la référence à un travail futur; les conjoints ou concubins au foyer, de la référence à l'emploi de leur conjoint ou de leur concubin actif [occupé]; - en revanche, certains statuts sociaux (allocataires du RMI, par exemple) n'ont plus aucune référence à l'emploi. Ils reposent sur l'idée que l'État doit, au nom de la seule solidarité nationale et du respect des droits de l'homme en tant qu'homme, assurer la survie des plus démunis dans des conditions tolérables. - il faut enfin ajouter ceux qui échappent à tous les circuits administratifs de la politique d'assistance et qui sont dépourvus de tout statut; Il est clair que ces différents statuts sont hiérarchisés en fonction de leur distance à l'emploi permanent, qui reste bien vécu comme une norme sociale. D. Schnapper, L'épreuve du chômage, Gallimard, 1994, p. 43. |